top of page

Point sensi 58 - La réhabilitation psychosociale

  • Photo du rédacteur: Ergolympiades
    Ergolympiades
  • 30 juin 2021
  • 6 min de lecture

La réhabilitation psychosociale, c’est quoi ? Selon Deleu, la réhabilitation est un ensemble de constituants de l’approche de la réadaptation psychiatrique qui intègre des pratiques diverses visant à remédier aux limitations fonctionnelles et aux désavantages sociaux liés à la maladie. On parle de réhabilitation psychosociale lorsque la réhabilitation vise à développer la personne sur le plan psychologique et social.

Dans quel domaine est-elle réalisée ? L’approche de réhabilitation psychosociale est le plus souvent pratiquée dans le cadre de la thérapie en santé mentale. On s’adresse donc ici à des personnes souffrant de troubles tels que la schizophrénie, le trouble bipolaire, la dépression, le trouble anxieux généralisé et pleins d’autres.... Bref, c’est un outil utile dans de nombreuses circonstances.

Mais qui pratique et utilise cette approche ? Différents professionnels de santé du milieu médical et médico-social peuvent pratiquer la réhabilitation psychosociale. On retrouve notamment : - Les ergothérapeutes

- Les infirmiers

- Les psychologues (et par extension, les neuropsychologues)

- Les psychiatres

- Les médiateurs de santé pairs

- ... C’est en travaillant ensemble, chacun sur leur champ de compétences respectif que l’approche de réhabilitation psychosociale prend tout son sens et est pleinement efficace.


Un modèle sur lequel la pratique se base ?


Schéma modèle bio-psycho-social de Alain Cochet

Le modèle bio-psycho-social voit la personne selon trois faces. Le versant cognitif, comportemental et la personnalité. Pour agir sur les fonctions cognitives, on peut utiliser la thérapie neurocognitive. Pour agir sur un comportement, on peut utiliser la thérapie cognitivo-comportementale. Et pour agir sur la personnalité, on peut utiliser la psychothérapie. Ensuite, on peut mêler ces différents aspects pour les travailler de façon simultanée. La psychoéducation s’intéresse au domaine du comportement et du fonctionnement cognitif. On y retrouve par exemple l’insight, qui correspond à la connaissance de sa maladie. Les thérapies de soutien visent à travailler les aspects neurocognitifs et la psychothérapie. Enfin, l'entraînement aux habiletés sociales va agir sur le comportement et la personnalité. En réhabilitation psychosociale, on va chercher à agir sur tous ces domaines, car il a été prouvé qu’agir sur les différents domaines en proposant différentes thérapies apportait de meilleurs résultats que de cibler un seul et unique domaine.


Et concrètement, ça consiste en quoi ? Pour rentrer plus dans le cœur de cette approche, il est important d’avoir en tête les principes fondamentaux. On en dénombre aujourd’hui 13, ce sont les 13 principes de CNAAN : 1) Utilisation optimale des capacités humaines

2) Doter les personnes d’habiletés 3) L’auto-détermination 4) La normalisation 5) L’individualisation des besoins et services 6) L’engagement des intervenants 7) La déprofessionnalisation de la relation d’aide

8) Intervenir précocement 9) Structurer l’environnement immédiat 10) Changer l’environnement plus large 11) Pas de limite à la participation 12) La valeur du travail 13) Priorité au social par rapport au médical

C’est en appliquant ces principes que la pratique de la réhabilitation psychosociale se construit. Ainsi les thérapeutes vont chercher à valoriser la personne afin de lui redonner confiance en elle et de favoriser ce que l’on appelle l’empowerment, c’est-à-dire la capacité qu’a un individu à prendre contrôle sur sa propre vie, à s’autonomiser. On le décrit également comme le pouvoir d’agir.

L’empowerment, ou le pouvoir d’agir face à la maladie va se manifester par la motivation de la personne, son autodétermination (capacité à choisir elle-même ce qu’elle fait, souhaite, etc...), son engagement, le sentiment d’efficacité personnelle (accomplir un rôle social, se sentir utile), les stratégies efficaces d’adaptation (comment la personne va réagir et s’adapter à des situations variées) et la revendication ainsi que la restauration des droits. Cette dernière partie fait écho à la déstigmatisation. En effet, dans le handicap, et notamment le handicap psychique, la stigmatisation de la société envers une personne souffrant de handicap peut s’avérer très importante, et de fait très

blessante et démotivante pour la personne. De plus, ce n’est pas tant la stigmatisation (d’autrui envers la personne) que l’auto-stigmatisation (de la personne envers elle-même) qui est la plus grave. L’individu peut perdre goût à la vie, aux activités qu’il avait l’habitude de réaliser sous prétexte que « parce que je suis handicapé, je ne peux pas réaliser cette activité ». C’est l’un des enjeux majeurs de la réhabilitation psychosociale.

Maintenant que vous visualisez un peu mieux en quoi consiste la réhabilitation psychosociale et ses objectifs, voyons quels moyens peuvent être utilisés ? Il existe 3 champs d’actions principaux en ergothérapie : l’entraînement aux habiletés sociales et techniques, la remédiation cognitive et l’accompagnement dans l’insertion scolaire, professionnelle et sociale.

L’entraînement aux habiletés sociales et techniques : Cet entraînement consiste pour l’usager à apprendre et être plus à l’aise dans son quotidien. L’entraînement aux habiletés sociales porte sur les notions de communications, de relations à l’autre et vise à donner des outils aux personnes afin qu’elles soient autonomes dans leurs relations sociales. L’entraînement aux habiletés techniques concerne les activités matérielles du quotidien. Par exemple aller faire les courses, on travaille donc sur la mise en place de stratégies au niveau exécutif, mnésique, attentionnel, etc... Pour agir sur ces différents domaines, l’ergothérapeute va pouvoir utiliser de nombreux outils. En individuel, le thérapeute et la personne vont chercher des solutions en collaboration afin de faciliter le quotidien de l’usager. Cela peut aller de guider la personne en l’aidant à s’organiser, en lui proposant de mettre en place des rappels mnésiques, jusqu’à développer des stratégies en milieu écologique (le milieu habituel de la personne), par exemple pour faire ses courses seules et de façon efficace.


Ensuite, on retrouve les groupes thérapeutiques. Il s’agit de groupes d’échanges entre plusieurs individus, encadrés et animés par un ou plusieurs thérapeutes afin de cibler certains domaines spécifiques. Par exemple, dans le trouble psychique de manière générale, l’estime de soi a tendance à diminuer, ce qui peut entraîner une perte de motivation pour les activités quotidiennes. Et dans certains cas plus sévères, une dévalorisation totale de soi-même amenant à la rupture physique, sociale et psychologique avec son environnement, ce qui va favoriser les tentatives de suicides. Dans ce cadre, des groupes d’estime de soi peuvent être proposés aux usagers afin de travailler sur cette dernière. Au sein de ce groupe, les usagers vont pouvoir échanger autour de leur vécu, de leurs ressentis sur les choses, débattre, exposer leurs difficultés et chercher des solutions ou des stratégies efficaces afin de surmonter leurs difficultés, le tout aiguillé par le thérapeute. D’autres domaines peuvent être ciblés par l’ergothérapeute en réhabilitation psychosociale, notamment celui des habiletés sociales.


La remédiation cognitive : c’est une forme de thérapie ayant pour objectif de diminuer l’impact sur le quotidien des difficultés cognitives d’un patient, préalablement objectivées lors d’un bilan neuropsychologique. En quoi elle consiste ? La remédiation cognitive vise à améliorer les capacités cognitives (attention, mémoire) à travers des exercices d’entraînement spécifique, notamment des exercices papier / crayon. Mais aussi la métacognition (connaissances des propres capacités cognitives) et les cognitions sociales (la perception émotionnelle, la perception et la connaissance sociale, la théorie de l’esprit par exemple).

Pourquoi cela ? Dans le trouble psychique, des troubles cognitifs plus ou moins sévères vont souvent être retrouvés chez la personne, il est donc important de travailler à ce niveau afin de permettre à la personne de ne pas trop subir ce déficit cognitif. En parallèle de cette amélioration qui peut souvent être limitée (lésions irréversibles), les thérapeutes vont chercher, avec la personne, des stratégies pour faire les activités qui leur plaisent de manières efficaces et selon leurs capacités. L’ergothérapeute va notamment s’attacher à toutes les stratégies à mettre en place pour rendre la personne autonome dans son quotidien, par exemple pour aller faire les courses. Il va donc chercher différents moyens de compensation possibles.

L’insertion scolaire, professionnelle et sociale : Vers la fin de l’approche et du suivi en réhabilitation psychosociale, l’objectif de la personne est de retrouver un certain équilibre qui peut se caractériser par la reprise d’une activité professionnelle ou d’une formation par exemple. Pour ce faire, la structure ainsi que les différents thérapeutes vont accompagner la personne dans son projet. Dans un premier temps, l’informer des possibilités, des structures d’aides existantes en faisant le lien avec elles. Ensuite, selon les modalités d’accès à l’emploi ou à la formation, le thérapeute va accompagner la personne dans ses entraînements de français et de mathématique si préparation d’un concours, ou dans la rédaction du CV par exemple. Pour faciliter cette réinsertion, de nombreux partenaires existent, on peut notamment citer la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) ou Maison Départementale de l’Autonomie (MDA), les centres de réinsertion professionnelles et CAP emploi par exemple. Pour ce qui est de la réinsertion sociale, les activités de loisirs dans les différents clubs sportifs par exemple, mais aussi des activités plus traditionnelles dans les maisons des jeunes et de la culture (MJC).

Ses objectifs :

  • Autonomiser la personne dans la vie quotidienne

  • Favoriser l’autodétermination de la personne

  • Permettre l’identification des ressources de la personne

  • Lutter contre la stigmatisation et l’auto-stigmatisation

  • Identifier des stratégies efficaces

  • Améliorer les capacités cognitives

  • Développer les compétences sociales de la personne

  • Faciliter l’insertion professionnelle

  • Encourager la pair aidance (échanges avec des personnes ayant la même pathologie qui sont en processus de rétablissement)


Sources :

  • https://centre-ressource-rehabilitation.org/

  • https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=PSN_161_0007

  • https://remediation-cognitive.org/

  • FRANCK, N. (2018). Traité de réhabilitation psychosociale. Elsevier Health Sciences

  • Cours du S4 à l’IFE d’Alençon sur la réhabilitation psychosociale de Mme Pichon C.

  • Documentation de Mme Perrine C., ergothérapeute exerçant dans l’unité de réhabilitation psychosociale Ariane, à Caen




Comments


Si vous voulez nous aider financièrement pour le projet
bottom of page