[Point sensi 37 - Journée mondiale de la Surdité]
- Ergolympiades
- 28 sept. 2020
- 10 min de lecture
Qu’est-ce que c’est ?
La surdité est définie, par le fait, qu’une personne entend peu voire pas du tout les sons de l’environnement.
Pour parler des personnes ayant une déficience auditive on emploie le terme scientifique sourd / sourde. Ce terme désigne et englobe toute personne présentant une cophose (perte totale de l’audition), une surdité légère, moyenne, sévère, ou profonde apparue à la naissance ou au cours de la vie.
Néanmoins, dans l’usage commun on retrouve aussi parfois le terme de “malentendant”, qui lui n’a pas vraiment de définition propre. Il est souvent utilisé pour désigner les personnes entendantes de naissance ayant perdu l’audition au fur à mesure (comme les personnes âgées par exemple) et qui ne se considèrent pas à titre personnel comme sourdes. Cependant il est aussi utilisé pour désigner certaines personnes sourdes de naissance appareillées et oralisant qui se considèrent alors plus comme malentendantes que sourdes ; du fait qu’elles oralisent et n’utilisent pas la LSF. L’emploi du terme “malentendant” résulte donc plus d’un choix personnel que d’une réalité scientifique et pour savoir quel terme utiliser, il est donc préférable de demander directement à la personne concernée si elle se considère plutôt sourde ou malentendante.
Pour commencer, il faut connaître ou bien comprendre le fonctionnement de nos oreilles. Notre oreille est découpée en 3 parties : nous avons l’oreille interne, l’oreille externe et l’oreille moyenne.
- L’oreille externe :
Les variations des sons se divulguent dans tout l’espace et arrivent à notre oreille par le biais de vibrations agissant sur le tympan.
- L’oreille moyenne :
Il faut savoir qu’elle se constitue en 3 parties : le marteau, l’enclume et l’étrier. Elles reçoivent les informations (vibrations) créées par le tympan pour les transmettre à l’oreille interne.
- L’oreille interne :
Elle reçoit les informations de l’oreille moyenne. C’est donc un organe du corps humain à part entière, elle est composée de la cochlée qui a des milliers de cellules ciliées transformant ses informations vibrantes en informations électriques amenées au cerveau.
Cellules ciliées : cellules qui recouvrent l’intérieur de la cochlée, chacune d’entre-elles réagissent à une fréquence donnée. Lorsque le liquide présent dans la cochlée est mis en mouvement, cela fait bouger les cellules ciliées transformant les vibrations en message électrique ensuite transmis au nerf auditif.

Il faut savoir qu’il existe diverse intensité de surdité :
- Légère = perte située entre 20 et 40 dB.
- Sons non perçus : voix chuchotées ou lointaines.
- Moyenne = perte située entre 41 et 70 dB.
- Sons non perçus : voix moyennes à plusieurs mètres.
- Sévère = perte située entre 71 et 90 dB.
- Sons non perçus : voix fortes à plus de 1 mètre.
- Profonde ou totale = perte au-delà de 90 dB.
- Sons non perçus : voix même fortes ; bruits en général sauf bruits forts et graves.
Il faut savoir qu’une audition dite “normale” perçoit des sons se trouvant entre 0 et 20 dB (décibel). De plus, les sons sont aussi une histoire de fréquences (en Hertz (Hz)), les sons graves ont une fréquence basse tandis que les sons aigus ont une fréquence haute. Nos oreilles ne perçoivent que les sons compris entre 16 Hz (son très grave) et 20 kHz (son très aigu).
Il est important de souligner que la surdité n’est pas toujours bilatérale, en effet certaines personnes ont des atteintes unilatérales. Il faut savoir que la sévérité de la surdité peut ne pas être la même d’une oreille à l’autre.
Il existe des atteintes de surdités : la surdité de perception, la surdité de transmission et la surdité mixte.
❖ Surdité de perception : due à une atteinte de l’oreille interne.
➢ Surdité la plus rare.
❖ Surdité de transmission : liée à une atteinte de l’oreille externe et moyenne.
➢ Surdité la plus fréquente.
❖ Surdité mixte : association de la surdité de perception et de transmission.
Qui est touché par cette pathologie ?
Il faut savoir que la surdité touche principalement les enfants en période néonatale, effectivement elle touche 1,3 enfant / 1000 naissances.
Cependant nous savons que les personnes âgées ont aussi une perte de l’audition.
En France métropolitaine (selon une étude de la DREES datant d’août 2007) : 5 182 000 personnes sont touchées par un handicap auditif. Parmi eux 303 000 personnes souffrent d’une déficience auditive profonde ou totale.
Comment se déroule le diagnostic ? Et quels sont les tests pour dépister la surdité ?
En règle générale, les premiers dépistages (dépistage néonatal) se font à la maternité. Il existe 2 méthodes :
- Le recueil automatisé des otoémissions acoustiques (OEA),
- Test enregistrant via une sonde introduite dans le conduit auditif si les sons sont perçus par le biais de mouvements des cellules ciliées.
- Le recueil automatisé de potentiels évoqués acoustiques précoce (PEAP).
- Test consistant à enregistrer l’influx nerveux des voies auditives et des aires auditives via des électrodes placées à des endroits bien précis.
Néanmoins même si le premier test ne montre pas d’anomalies, l’enfant n’est pas à l'abri de développer une surdité au cours de ses premiers mois voire premières années de vie. Ainsi il faudra repasser des tests lors du 9e mois et du 24e mois, pour vérifier l’absence de troubles auditifs.
Quels sont les signes cliniques ? Peuvent-ils évoluer ?
Il existe des signes qui peuvent questionner sur une possible surdité, ces signes diffèrent s’il s’agit d’un enfant ou d’un adulte.
Chez l’enfant :
- Absence de babillages, de vocalises, gazouillis,
- Absence de réponses au prénom (9 mois),
- Absence de mots tels que “papa” “maman” (12 mois),
- Sursaute lorsqu’il aperçoit une personne dans son champ de vision,
- Ne se retourne pas vers un bruit produit hors de sa vue (6 mois),
- Pas d'intérêt aux jouets sonores (maracasses, musiques, etc.)
Chez l’adulte :
- Une surdité progressive = perte de l’audition au fil du temps,
- La difficulté de suivre une conversation entre 2 personnes voire plusieurs, dans un environnement plutôt bruyant,
- Difficulté à comprendre les informations verbales dans un lieu public (haut-parleurs, restaurants, messages des magasins etc.),
- Difficulté de comprendre une conversation téléphonique,
- Sons semblent imprécis / incompréhensibles (les personnes semblent chuchoter),
- Difficulté de comprendre les sons aiguës,
- Tintements, des bourdonnements (acouphènes).
Quel est / quels sont les moyen(s) de compensation ?
Il n’existe pas de traitement afin de “guérir” de la surdité, cependant il existe des moyens de compensation tel que :
- L’implant cochléaire,
- L’appareil auditif,
- La Langue des Signes Française (LSF).
- Le LPC (langage parlé complété)
L’implant cochléaire est un dispositif médical électronique, il est convient uniquement aux personnes ayant une perte auditive sévère à profonde. L’objectif de cet appareil est de transmettre les sons en signaux électrique envoyés directement au nerf auditif, en évitant de passer par l’organe auditif dysfonctionnel. Cette aide auditive amène à ces personnes, la possibilité de mieux comprendre la parole même s’ils nécessitent qu’on répète ; la possibilité de regarder la télévision et écouter de la musique ; et surtout pouvoir participer à des conversations lors de réunions, pendant les repas, … Néanmoins même avec un implant cochléaire il sera difficile pour la personne de suivre une conversation si plusieurs personnes parlent en même temps, ou si l’environnement est bruyant. De plus le bruit du vent, d’un chapeau ou même du frottement des cheveux sur l’appareil peut produire des bruits très désagréables pour la personne Sourde et gêner la compréhension.
L’appareil auditif ou prothèse auditive, sont des petits appareillages électroniques permettant d’amplifier les sons de l’environnement mais principalement la parole. Il en existe divers pour tous les goûts mais aussi avec des moyens financiers différents.
❏ Les appareils à contour d’oreille de type classique → adaptable à tout public, se dispose derrière le pavillon de l’oreille, correspondent pour les déficiences auditives de sévères à profondes.
❏ Les appareils micro-contour d’oreille → plus petit et donc plus discret que le classique, il s’agit d’un écouteur présent uniquement dans le conduit auditif, utilisé pour les déficiences auditives de légères à sévères.
❏ Les appareils intra-auriculaires → ultra-discrète elle est dite « invisible », se place dans le conduit auditif, concerne les déficiences auditives de légères à moyennes.
La langue des signes française ou LSF, est un moyen de compensation via une “langue” différente par le biais de signes et de gestes. À un mot va correspondre un signe ou une combinaison de signes et chaque lettre de l’alphabet est représentée par une position particulière de la main et surtout des doigts. Il faut savoir que les personnes “sourdes” lorsqu’elles rencontrent une autre personne dans la même situation, demandent souvent de quelle région elles viennent afin d’essayer de se comprendre. En effet, d’une région à l’autre un signe peut être un peu différent en geste ou être totalement différent.
Chaque signe a 5 caractéristiques que l’on appelle aussi paramètres et qui permet de le différencier d’un autre signe.
- Configuration de la main ;
- Emplacement du signe par rapport au corps ;
- Mouvement ;
- Orientation de la paume de la main ;
- Expression du visage.
● La naissance de la langue des signes :
○ Antiquité : apparition d’un code gestuel,
○ XVIe siècle : les percepteurs favorisent l’apprentissage de la parole tandis que le code gestuel est maintenu et est enseigné aux enfants.
○ XVIIIe siècle : l’abbé de l’Epée est le premier entendant à s’intéresser aux méthodes de communication chez les sourds, il s’aperçoit qu’il existe une langue des signes, il y ajoute des notions grammaticales qu’il appelle “les signes méthodiques”, il ouvrira une école rassemblant de nombreux enfants sourds qui est maintenant “l’Institut national des jeunes sourds”. Il est une figure dans le monde entier et surtout celui des personnes sourdes.
○ 1880, le congrès de Milan : les “oralistes” pensent que les sourds doivent parler (oraliser). 3 raisons ressortent : la LSF n’est pas une véritable langue, ne sert pas à échanger avec Dieu, les signes empêchent les sourds de “bien respirer” ce qui favorise la tuberculose. Ainsi pendant près de 100 ans, la langue des signes s’est appauvrie par le manque d’utilisation et l’obligation de la pratiquer uniquement en cachette.
○ Les années 80 : “le réveil sourd” la langue des signes refait son apparition, des chercheurs la remettent en avant. En 1980 il y a la création de l’association “2 langues pour 1 éducation”.
○ Les années 90 : création de plus en plus d’associations, diffusion d’un documentaire montrant l’univers des personnes sourdes présenté aux entendants, apparition du métier d’interprète en LSF français validé par un diplôme.
○ Les années 2000 : la LSF devient enfin une langue à part entière. Progressivement il y a une évolution des mentalités et des représentations sur la surdité. La reconnaissance de la langue des signes se fait : naissance de la Loi n°2005-102 du 11 février 2005 reconnaît la LSF comme “langue à part entière”. En 2008, la LSF devient une option pour le baccalauréat comme toutes autres langues.
Le Langage Parlé Complété (LPC) est une aide visuelle à la communication orale. Il vient en complément de la lecture labiale pour faciliter la compréhension et différencier des lettres comme “M”, “B” et “P” (dans les mots “main”, “bain” et “pain”) pour lesquelles la forme des lèvres va être quasiment identique lorsqu’on va les prononcer. Dans le LPC on utilisera une configuration spécifique de la main pour différencier les consonnes et on placera la main au niveau du visage à un endroit spécifique pour différencier les voyelles.
Conseils pour communiquer avec une personne sourde.
Pour interpeller une personne sourde et l’avertir que vous souhaitez lui parler :
- Attirer son attention en faisant de grands signes avec les mains,
- Eteindre et allumer la lumière,
- Émettre des vibrations (en tapant du pied sur le sol ou en tapant du poing sur la table),
- Tapoter sur l’épaule.
Pour communiquer avec une personne sourde :
- Se placer en face de la personne,
- Ne criez pas car cela gène la lecture labiale. Parlez normalement, calmement et distinctement. N’articulez pas exagérément,
- Ne parlez pas en mangeant,
- Ne cachez pas votre bouche,
- Accompagnez votre discours de gestes simples,
- N'hésitez pas à répéter, ou à réexpliquer avec des synonymes,
- Évitez de vous mettre à contre-jour,
- Pointez du doigt pour accompagner votre discours et désigner quelque chose.
En cette période de crise sanitaire avec la COVID-19 :
- Si possible s’éloigner et enlever le masque pour que la personne puisse lire sur les lèvres,
- Porter des masques avec une fenêtre transparente,
- Prendre un stylo et écrire sur une feuille (ou sur son téléphone),
- Utiliser des applications comme AVA qui permettent de faciliter la communication avec une personne sourde en transcrivant à l’écrit tout ce qui est dit à l’oral (dictée vocale).
Mais l’idéal serait que chaque personne connaisse quelques bases de la LSF (“bonjour”, “au revoir”, “ça va ?”, “besoin d’aide”, et les formules de politesse) pour que ce ne soit pas toujours à la personne sourde de faire des efforts et de s’adapter.
Questions récurrentes de la part de personnes entendantes.
★ Est- ce que la langue des signes est universelle ?
Non, chaque pays possède sa propre langue des signes. En France, il y a la LSF (Langue des Signes Française), aux Etats-Unis : l’ASL (American Sign Language), au Japon, il y a la JSL (Japanese Sign Language) ... Chaque pays possède sa propre langue des signes car cette dernière est très liée à la culture du pays ; au Japon, par exemple, le signe manger diffère de celui en LSF et se signe comme si l’on mangeait avec les baguettes. De plus on peut aussi voir des différences au sein d’un même pays. En France il existe par exemple plusieurs façons de signer le mot maman en fonction des régions.
★ Dit-on langage des signes ou langue des signes ?
Il faut dire langue des signes, car la LSF est une langue à part entière au même titre que l’allemand ou l’anglais par exemple. La LSF est reconnue depuis la loi française de 2005, comme une langue à part entière avec sa syntaxe, sa grammaire et ses particularités.
★ Sourd-muet ou Sourd ?
Les personnes sourdes ne sont pas muettes, leur appareil « phonatoire » est intact. Néanmoins puisqu’elles ne s’entendent pas il est plus difficile pour elles d’apprendre à parler, c’est pourquoi elles consultent un orthophoniste. Cela leur demande beaucoup d’efforts pour essayer de bien prononcer les mots et c’est pourquoi certaines personnes font le choix de ne pas parler.
★ Les personnes sourdes peuvent-elles aller en boite de nuit ? Ecouter de la musique ?
Oui les personnes sourdes peuvent aller en boite de nuit, aux concerts et aux festivals. Ils “entendent” la musique par les vibrations ressenties sur le corps.
★ Les personnes sourdes peuvent-elles aller au cinéma ?
Oui ! Les personnes sourdes peuvent aller au cinéma si le film est sous-titré, il s’agit donc souvent de films étrangers en VO puisqu’il est rare que les films français le soient. De plus, si les salles en sont équipées des moyens technologiques peuvent permettre que le son du film soit directement transmis à l'appareil auditif de la personne.
Quel est le rôle de l’Ergothérapeute dans la prise en charge de cette pathologie ?
L’ergothérapeute intervient auprès des personnes ayant une déficience auditive pour :
- Donner des conseils en préconisation d’aides techniques (alarmes lumineuses, réveil vibrant…) pour aménager le domicile ou le lieu de travail.
- Favoriser l’insertion sociale, scolaire et professionnelle.
- Améliorer les capacités cognitives : attention, mémoire, flexibilité, vitesse de traitement...
- Faciliter la communication verbale et non verbale.
- Favoriser l’indépendance et l’autonomie pour les gestes de la vie quotidienne (prendre le bus, se déplacer dans la ville, maîtriser l’informatique…).
- Faciliter la gestion de la fatigue.
Auprès des enfants sourds, il intervient aussi autour des troubles associés à la surdité.
Sources :
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