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[Point Sensi 23 - Schizophrénie]

  • Photo du rédacteur: Ergolympiades
    Ergolympiades
  • 26 mars 2020
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 mai 2020


Du 14 au 21 mars 2020 avaient lieu les 17e journées de la schizophrénie. Du 16 au 29 mars 2020, l’Unafam coordonne la 31e édition des semaines d’information sur la santé mentale. Ces évènements sont autant d’occasions de diffuser des messages visant à déstigmatiser la maladie auprès du grand public et des médias : l’objectif de notre point sensi du jour. En effet, si la schizophrénie est une maladie invisible, elle est victime des idées reçues, qui compliquent l’inclusion des personnes qui en souffrent.


La schizophrénie est classée parmi les psychoses, c'est-à-dire des altérations de la perception de la réalité.

Elle débute généralement à l’adolescence : 85% des personnes sont diagnostiquées entre 15 et 25 ans. L’évolution de la schizophrénie est caractérisée par des phases de rechutes (épisodes dits aigus) dans les premières années, puis une stabilisation avec des symptômes résiduels.

Un diagnostic précoce favorise le pronostic : 15 à 20% des schizophrénies débutantes évoluent favorablement avec une prise en soins rapide et adaptée, qui permet une meilleure réponse au traitement et une réinsertion psycho-sociale à long terme.


  • Manifestations de la maladie

La schizophrénie se caractérise par une expression clinique hétérogène. Aucun symptôme n’est pathognomonique du trouble dont le diagnostic nécessite d’observer une constellation de symptômes. Le diagnostic ne peut donc être posé qu’après avoir écarté certaines affections organiques, iatrogènes ou toxiques (prise de cannabis) et après avoir considéré l’évolution des troubles dans la durée.

Les symptômes schizophréniques appartiennent à 3 dimensions. Ils sont rarement présents simultanément chez la même personne et c’est pourquoi on parle « des schizophrénies » :

  • Dimension positive :

Des signes s’ajoutent et modifient la perception et la compréhension habituelles de l’environnement : les hallucinations et les idées délirantes.

Une hallucination est la perception de quelque chose qui n’existe pas. Les plus observées sont les hallucinations acoustico-verbales (« entendre » des voix, des bruits) et psychiques (pensées imposées, vol de la pensée).

Les idées délirantes correspondent à des croyances figées qui ne changent pas face à des évidences qui les contredisent. Le discours n’est ni structuré, ni systématisé. Le délire peut être de persécution (se sentir harcelé par un individu, une organisation), mégalomaniaque (penser avoir des pouvoirs) ou erotomaniaque (penser être aimé par quelqu’un).

  • Vécus comme réels, ces symptômes sont souvent très angoissants et source de souffrance pour la personne.

  • Dimension négative :

Diminution, voire absence de certaines émotions (émoussement des affects) ou de prises d’initiatives habituellement spontanées (aboutit à l’incurie). Cela touche la sphère comportementale et l’idéation (perte de volonté et d’énergie, appauvrissement du discours, etc.) et la sphère affective (retrait social, apathie, perte d’empathie, etc.).

  • Dimension désorganisée :

Il s’agit de l’incapacité à construire un comportement ou un discours cohérent. Cela recouvre les troubles du cours de la pensée et de la construction du langage (incohérence du discours, néologismes, etc.) et les troubles du comportement et des affects (incohérence des actions, ambivalence affective, maniérisme, etc.).


Ces symptômes sont généralement associés à des déficits neurocognitifs qui contribuent fortement aux situations de handicap car ils sont fréquents, invalidants et source de souffrance. On relève le plus souvent des troubles de la mémoire et de l’attention.

On retrouve également des troubles de la cognition sociale, soit de l’ensemble des processus de traitement de l’information en rapport avec les relations interpersonnelles (traitement des informations faciales et gestuelles, de la prosodie, etc.).

  • Comorbidités

Comme toute personne, un schizophrène peut souffrir d’autres maladies psychiatriques, comme des troubles de l’humeur (dépression, trouble bipolaire dit trouble schizo-affectif) ou, fréquemment, des addictions (cannabis, alcool, tabac).

De plus, le risque suicidaire est majoré chez le schizophrène. Selon les études, environ 10% des schizophrènes se suicident. On parle de passage à l’acte auto-agressif.

  • Traitement

La schizophrénie nécessite une prise en charge au long cours, généralement à vie. Les traitements actuels associent médicaments, thérapies cognitives et/ou psychothérapies. Les objectifs de traitement sont généralement :

  • Contrôler ou réduire les symptômes ;

  • Prévenir les rechutes ;

  • Mener une vie quotidienne qui coïncide aux attentes de la personne : travail, loisirs, etc. en favorisant son autonomie et maintenant ses liens sociaux.

Le traitement de la schizophrénie, en termes de médicaments, consiste en la prise d’antipsychotiques (ou neuroleptiques), qui améliore les symptômes (hallucinations, délires, désorganisation de la pensée) et réduisent les taux de rechute. Cependant, leurs effets secondaires, bien qu’ils ne soient pas systématiques, peuvent être difficiles à vivre pour les patients, notamment la somnolence, qui rend d’autant plus difficiles la prise d’initiative et la motivation.


Les interventions psycho-sociales complètent le traitement médicamenteux. Elles permettent notamment au patient, et parfois à son entourage, de mieux comprendre et donc de mieux vivre la schizophrénie. En ce qui nous concerne, ergothérapeutes, nous participons à la remédiation cognitive et la réhabilitation psychosociale.

La remédiation cognitive est une forme de prise en charge pluridisciplinaire qui permet de récupérer des capacités cognitives (mémoire, concentration, planification) ou d’apprendre à compenser les difficultés de la sphère cognitive en vue de retrouver une qualité de vie satisfaisante.

La réhabilitation psychosociale est une approche centrée non pas sur l’observation des symptômes mais sur les activités de vie quotidienne et les habiletés sociales pour garantir la meilleure autonomie possible aux personnes atteintes de troubles psychiques selon leurs propres attentes.

Nous contribuons alors à compenser des déficits cognitifs et/ou relationnels et renforcer les habiletés sociales. Ainsi, nous favorisons l’inclusion de la personne schizophrène dans la sphère socio-professionnelle.


L’hospitalisation reste marginale et n’a lieu qu’en cas de danger, pour la personne elle-même (risque de passage à l’acte, suicide, délire, etc.) ou son entourage (tension familiale, etc.). Les hospitalisations partielles sont plus fréquentes : CATTP (Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel), hôpitaux de jour, appartement thérapeutique, CMP (Centre Médico-Psychologique), etc.. Malgré cela, les difficultés relationnelles, le manque de motivation et les difficultés de mener à terme des projets simples persistent et nécessitent un accompagnement.

  • Evolution des troubles

L’évolution est favorable dans de rares cas où une quasi-disparition des symptômes est observée et permet un insertion socio-professionnelle satisfaisante.


Généralement, on observe une évolution intermédiaire avec une stabilisation sur un mode déficitaire avec des symptômes résiduels. Ce sont des personnes intégrées en milieu adapté et qui travaillent par exemple en ESAT (Etablissements et Services d’Aide par le Travail).


Il arrive que l’évolution soit défavorable : on remarque une dégradation progressive avec une persistance des symptômes. Dans ce cas, les patients ne peuvent pas être stabilisés et doivent être internés en hôpital psychiatrique.


  • A savoir !

En Finlande, une approche humaniste de la schizophrénie base le système de soin du pays sur le fait que l’environnement joue un rôle essentiel sur l’apparition, mais également la guérison des troubles schizophréniques. Ce système démontre actuellement l’un des meilleurs taux de guérison. Cette approche est appelée « Open dialogue » (dialogue ouvert).

Les thérapeutes rencontrent quotidiennement les personnes lorsqu’elles sont en crise psychotique jusqu’à la fin de la crise. L’hospitalisation est évitée en raison de ses effets stigmatisants et les médicaments sont évités dans la mesure du possible.

Partant du principe que la psychose est source de difficultés relationnelles, les thérapies sont réalisées auprès de groupes de patients par des équipes pluridisciplinaires et les familles sont inclues dans le processus de traitement.



  • Vaincre les clichés !

D’après les psychiatres, "le problème ce ne sont pas les hallucinations, mais le regard des autres". Et pour cause, la schizophrénie a mauvaise presse :


#1 - « Les schizophrènes sont violents »

A force de voir des films et/ou séries où les meurtriers sont des schizophrènes, le grand public fait l’amalgame. Il faut pourtant savoir que les schizophrènes sont bien plus susceptibles d’être agressés que la population générale. De même, seuls 1% des crimes recensés sont commis par des schizophrènes, soit plus de 99% de crimes commis par des personnes qui n’ont pas cette pathologie.

La schizophrénie est effectivement plus un vecteur de souffrance (toxicomanies, comportements suicidaires, etc.) que de dangers. En moyenne, l’espérance de vie des patients est de 10 ans inférieure à celle de la population générale.

#2 - « Il est pas tout seul dans sa tête »

L’étymologie du mot schizophrénie (schizo, fendre et phren, esprit) en a fait à tort, un synonyme de double personnalité. Elle n’est pourtant pas source de dédoublement de la personnalité mais se caractérise par des dysfonctionnements de la circulation de l’information au sein du cerveau. Ces dysfonctionnements sont notamment sources de délires et hallucinations sources d’angoisses profondes et de désocialisation.

#3 - « Les schizophrènes sont des flemmards »

Les symptômes de la schizophrénie englobent la difficulté de prise d’initiative et la motivation. Les traitements médicamenteux ont comme effet indésirable principal la somnolence. Ces traitements épuisants sont couplés à des thérapies qui consistent à les mettre en action au travers de l’activité physique mais également cognitive. Les schizophrènes sont donc plutôt persévérants.



Pour comprendre la maladie :

Ils en parlent :

  • Dialogue avec moi-même, Polo Tonk

  • Je reviens d’un long voyage, Stéphane Cogno

  • Journal d'une schizophrène, Marguerite-Albert Séchehay

  • www.tagueuleboris.com : dans son blog sur la schizophrénie, une femme raconte sa maladie, « Boris », en BD

  • www.blogschizo.wordpress.com : Lana raconte sa schizophrénie et conseille de nombreuses lectures

Plus d’infos :

  • www.alamaya.net : Fondation Alamaya qui soutient la recherche neurobiologique en psychiatrie relative à la schizophrénie

  • www.collectif-schizophrenies.com : association qui vise à « comprendre, savoir, faire tomber les idées reçues, rétablir une image juste »

  • www.fondation-fondamental.org : fondation de coopération scientifique dédiée à la lutte contre les troubles psychiatriques majeurs

  • www.psycom.org : organisme public d'information, de formation et de lutte contre la stigmatisation en santé mentale

  • www.schizinfo.com : site de l’Association des Journées de la Schizophrénie, née pour raconter et dédramatiser la maladie

  • www.unafam.org : Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques

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